La matinée avait été plutôt calme au cabinet. En même temps, avec le soleil qu’on se tapait en ce moment, les malades se faisaient rares. Il fallait vraiment le vouloir pour choper un rhume sous 30°C. Mais il y en avait qui y arrivait. Enfin, mes rendez-vous de la matinée s’étaient résumés à deux vaccins, une colique et un poignet blessé. Rien de bien méchant. Cet après-midi, je n’avais aucun rendez-vous, mais j’étais obligé de rester assis derrière mon bureau au cas où. D’ailleurs, j’avais bien fait parce que je reçus un coup de file comme quoi un mannequin venait de se casser la cheville. Bizarrement, ça ne m’étonnait même pas. Avec la chaleur qu’il faisait, porter des talons hauts ce n’était pas conseiller. Après, elle devait faire son travail car c’était pour poser qu’elle était payée, mais les gens ne pensaient pas forcément à la sécurité des autres.

J’envoyais un véhicule d’ambulance à l’adresse indiquée et ce n’est que lorsque l’ambulancier me prévint que la jeune femme était arrivée que je me décidais à quitter mon bureau. Je me rendis dans la salle de consultation qu’on lui avait attribuée. J’avais déjà une fiche avec son nom et son prénom. J’entrais dans la salle. La demoiselle se trouvait déjà allongée sur le siège d’auscultation. Je retirais mon stéthoscope que j’abandonnais sur le bureau et m’avançais vers… euh… je baissais les yeux sur la fiche : Kimberly ! Elle s’appelait Kimberly.

« Bon alors, qu’est-ce qu’elle a eu cette cheville ? »

Je ne pus m’empêcher de la détailler. Elle était en peignoir avec des talons hauts et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qu’elle portait en dessous. Surement pas une tenue dans le sens du terme. J’ignorais sur quoi portait sa séance photo, mais à mon avis, elle ne devait pas porter grand-chose. C’était… intéressant ! Houlà, Cam, on s’calme ! Pense professionnel ! Pense professionnel ! C’était dur de penser pro quand on avait une déesse devant les yeux.

Pour essayer de faire une bonne impression, je regardais cette cheville qui avait un peu gonflé. Comment faisait-elle pour supporter ses chaussures ? Bonne question ! Je laissais courir mes doigts le long de son mollet jusqu’à sa cheville qui frémit. Finalement, je lui pris délicatement la cheville, évitant de toucher l’os et lui retirait sa chaussure avant de reposer son pied. Je lui retirais aussi l’autre chaussure. A quoi ça serve qu’elle se torture encore plus ?

« On va te faire passer une radio. Vu comment c’est gonflé, c’est juste une mauvaise foulure, rien de bien grave. Mais on va vérifier. »

Ce n’était pas souvent que j’avais la visite d’un mannequin. Pourtant, des patients, j’en avais hein ? J’avais mes tiroirs de fiches de consultation quasiment plein tellement j’en voyais. Bon, je faisais une fiche pour chaque patient, même si ces gens là ne venaient qu’une seule fois, j’étais obligé pour avoir une trace de leur passage et tout. Bon, c’était toute une organisation, je devais bien l’avouer. C’était le coup à prendre, mais c’était chiant par moment. Surtout quand on savait que les gens ne reviendraient pas et qu’on se payait leur fiche pendant des plombes et qu’elles venaient à prendre la poussière. D’ici quelques années, leurs fiches seraient jaunies et tout, à n’en pas douter. M’enfin bon, quand la retraite viendrait, les fiches termineraient dans un magnifique feu de cheminée ou bien pour alimenter le barbecue que je ferais en compagnie de mes amis du moment.

Pour le moment, ma patiente, plus que sexy dans son simple peignoir, avait besoin d’une radio qui prendrait cinq minutes en tout afin de voir ce qu’elle avait réellement. Ou plutôt, pour confirmer ce que je pensais déjà. Je n’allais pas dire que j’étais un pro de la foulure ou quoi, mais mes diagnostics étaient souvent bons et justes. Enfin, qu’est-ce que serait un médecin s’il se gourait toujours ? Autant changer de métier direct pour finir caissier ! Le but c’était de soigner les gens, pas de les envoyer à la morgue. Je me retournais pour aller téléphoner au service de radiologie quand Kim m’attrapa la manche pour me demander de rester avec elle pendant sa radio. Un sourire entre le professionnalisme et l’intérêt personnel se dessina sur mes lèvres. Comment dire non à ça ?

« Bien sur, c’est moi votre médecin c’est à moi de vous soigner. »

Il n’y avait qu’à me montrer où se trouvait le bobo et hop, je m’en occupais dans la seconde ! J’étais Super Docteur Cam quand même ! Je n’avais pas les pouvoirs de Superman, mais j’en avais d’autres qui pouvaient s’avérer très utiles. Bon, je n’allais pas tout dégainer comme ça, d’un coup, mais si c’était moi qui venais à souvent consulter Kim, elle n’allait pas être déçue. J’avais des techniques incroyables pour guérir miraculeusement les gens. P’t’être pour ça que j’avais facilement trouvé du boulot… en même temps, ce n’était pas sorcier quand on connaissait un minimum l’esprit féminin. Une fois ma patiente rassurée, j’allais quand même téléphoner au service de radiologie pour leur dire que j’arrivais. Une fois que tout fut arrangé, je retournais voir mon joli mannequin.

« Aller, je vous y emmène. Normalement, y’a personne là-bas. »

Je l’aidais à se relever tout en veillant à ce qu’elle ne pose pas son pied par terre. Ca ne servait à rien d’aggraver son état. Au moment où je la reconduisais dans son fauteuil roulant, son peignoir s’ouvrit légèrement, laissant apparaitre pendant quelques secondes sa silhouette parfaite. Et bah on ne pouvait pas dire que Dame Nature ne l’avait pas gâtée parce que là… franchement, aujourd’hui, je bénissais mon boulot !

Voir ce que cachait le peignoir de Kim avait réveillé en moi de pensées qui n’étaient pas du tout professionnels ! Mais alors pas du tout ! Il fallait quand même que je garde mon professionnalisme, mais franchement, pour le coup, je m’en foutais. Après tout, j’avais des yeux et c’était fait pour, non ? Moi, ça m’allait très bien qu’elle soit partie vite sans prendre le temps de se changer ! Sinon, on n’en serait vraiment pas là. Je la laissais se rhabiller tranquillement, faisant un peu semblant de regarder ailleurs. En même temps, c’était vraiment compliqué de ne pas poser ses yeux sur une magnifique jeune femme. En plus, pour couronner le tout, c’était un mannequin alors forcément…

« Mais non, ne vous inquiéter pas pour ça. Je vois des trucs bien pires ! »

Ce n’était pas très dur de trouver pire que ma nouvelle patiente. Des fois, j’avais même envie de les envoyer à un de mes collègues, mais celle-ci, je l’avais, je la gardais ! Hors de question qu’on la file à un autre toubib ! Pour certains de mes patients, je pouvais être très égoïste, mais pour d’autres… C’était limite la brocante « Pas cher ! Pas cher ! ». Kimberly me tenait toujours la main, même si elle était assise sur son fauteuil qui l’emmènerait jusqu’à la salle de radiologie. Finalement, elle me lâcha au bout de quelques instants et un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres à ses paroles.

« Pas vraiment, on s’y habitue à force. Mais la plupart ne sont pas aussi… charmante que vous. »

Ouais j’avais un égo énorme, mais j’avais quand même dû chercher mes mots pendant un petit temps parce qu’autant avouer que ce n’était pas le mot « charmante » qui m’était venu à la tête en premier. Bien au contraire. Mais quand même, si je balançais directe ce qui me venait en tête, j’allais être mal. M’enfin, on ne pouvait pas dire non plus qu’elle était très sage de son côté. D’ailleurs, je me demandais même si elle ne faisait pas un peu exprès aussi. En tout cas, ce n’était pas grave, moi ça m’allait parfaitement bien ! Je réunis tous les papiers que j’avais besoin et les plaçais dans un petit compartiment qui se trouvait derrière le fauteuil. Pour ceux qui restaient à l’hôpital avec un fauteuil, c’était pratique parce que les patients se baladaient avec tous les papiers pour qu’on sache vraiment tout sur eux. J’appelais à nouveau le service de radiologie et on m’annonça que la salle était libre. J’allais pouvoir débarquer !

« Bon, on est parti. »

J’ouvris en grand la porte de mon bureau puis je la franchis tout en poussant le fauteuil dans lequel Kim était assise. Nous parcourûmes quelques couloirs avant de prendre l’ascenseur pour monter à l’étage.

Ce n’était pas la première fois que je m’occupais d’une fille sexy, mais celle-ci… c’était vraiment différent. Elle avait un truc en plus qui la rendait un peu unique. Bref, c’était un peu bizarre honnêtement. Il fallait que je garde mon professionnalisme au maximum, mais c’était dur de rester totalement concentré. Sur le chemin entre la porte de mon bureau et celles de l’ascenseur, mon regard ne pouvait pas s’empêcher de venir se poser sur son genou qui dépassait de son peignoir. Elle avait le teint légèrement mat et une peau parfaitement lisse. Bah c’était normal dans un sens puisqu’elle était mannequin. Il n’y avait pas à dire, Kimberly avait une peau parfaite, sans aucun défaut. Je ne savais pas si c’était du naturel ou parce qu’elle ‘subissait’ des soins. Mais je m’en moquais. Ca ne retirait absolument rien à sa beauté.

Le petit trajet dans l’ascenseur ne dura que quelques secondes puis je nous dirigeais jusqu’à la salle des radios qui était vide. Tant mieux, comme ça, je n’aurais pas d’autres médecins dans les pattes qui essayaient de m’apprendre comment me servir de toutes ces machines. Je savais comment faire et je n’avais pas besoin qu’on me dise quoi faire. Pour cette raison, j’avais demandé à ce qu’elle soit 100% libre et pas autrement. Je jetais un coup d’œil à Kim qui n’avait pas bougé du fauteuil roulant. Bon, le fauteuil ne servait pas à grand-chose car elle pouvait toujours marcher, mais bon, c’était ça ou je la portais moi-même. Or, la porter, et bien ça pouvait prêter à confusion et ce n’était pas du tout professionnel.

« Pourquoi ? Vous êtes si pressée que ça ? » demandais-je. « Parce que si vous avez un photoshoot à venir, il va falloir les annuler, à moins que vous puissiez vous asseoir. »

Ce genre de blessure qu’elle s’était faite, malheureusement, il allait falloir quelques jours pour que ça se guérisse. Et surtout, qu’elle évite les talons pendant trois mois. Ca allait faire mal à la carrière, mais c’était comme ça. Je fis quelques réglages avant de revenir vers ma patiente. Je la conduisis vers la table d’auscultation et l’aidais à s’allonger dessus. Une fois que ce fut chose faite je lui adressais un sourire avant de lancer la machine en route.

« Fermez les yeux et évitez de les ouvrir tant que je ne vous donnerais pas le feu vert. »

Elle ne risquait rien, mais la lumière faisait extrêmement mal, du coup, on préférait que nos patients ferment les yeux. Je lui fis un clin d’œil avant de fermer le couvercle de la machine. Je bidouillais trois ou quatre trucs avant que la radio ne se fasse. Ca ne prenait jamais très long, surtout que la sienne était ciblée que sur sa jambe. Au bout d’une minute ou deux, j’allais rouvrir le couvercle et trouvais Kim parfaitement immobile et les yeux parfaitement fermés aussi. Je souris en la regardant. Franchement elle aurait eu le teint un peu plus pâle et des cheveux noirs comme l’ébène, j’aurais juré que je me trouvais dans Blanche-Neige. D’ailleurs, mué par une pulsion soudaine, je me penchais et apposais mes lèvres sur les siennes.